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l’aurais donc pour moi toute seule, quand les autres n’en voudraient plus.

C’était un matin, dans notre lit. — Il dormait encore, et je me penchais sur lui pour le réveiller en l’embrassant lorsque j’aperçus dans ses boucles, sur la tempe, un petit fil qui brillait comme de l’argent. Quelle surprise ! Je n’aurais pas cru cela possible ! D’abord j’ai pensé à l’arracher pour qu’il ne le vît pas, lui ! niais, en regardant bien, j’en aperçus un autre plus haut. Des cheveux blancs ! il allait avoir des cheveux blancs ! J’en avais le cœur battant et une moiteur à la peau ; pourtant, j’étais bien contente, au fond !

C’est laid de penser ainsi, mais j’ai fait mon ménage de bon cœur ce matin-là, sans le réveiller encore, et quand il eut ouvert les yeux, tout seul, je lui dis :

— Sais-tu ce que j’ai découvert pendant que tu dormais ?

— Non.

— J’ai découvert que tu as des cheveux blancs.

Il eut une secousse de dépit qui le fit asseoir comme si je l’avais chatouillé et il me dit d’un air méchant