Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

il semblait perclus, lourd comme un roquet jouant avec des lévriers. Des bravos moqueurs l’encourageaient. Et lui, ivre d’ardeur, gigotait avec une telle frénésie que, soudain, emporté par un élan furieux, il alla donner de la tête dans la muraille du public qui se fendit devant lui pour le laisser passer, puis se referma autour du corps inerte, étendu sur le ventre, du danseur inanimé.

Des hommes le ramassèrent, l’emportèrent. On criait : "Un médecin." Un monsieur se présenta, jeune, très élégant, en habit noir avec de grosses perles à sa chemise de bal. "Je suis professeur à la Faculté", dit-il d’une voix modeste. On le laissa passer, et il rejoignit, dans une petite pièce pleine de cartons comme un bureau d’agent d’affaires, le danseur toujours sans connaissance qu’on allongeait sur des chaises. Le docteur voulut d’abord ôter le masque et reconnut qu’il était attaché d’une façon compliquée avec une multitude de menus fils de métal, qui le liaient adroitement aux bords de sa perruque et enfermaient la tête entière dans une ligature solide dont il fallait avoir le secret. Le cou lui-même était emprisonné dans une fausse peau qui continuait le menton, et cette peau