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haussait les épaules, ricanait, exaspérait sa femme. Elle finit par crier

— Eh bien ! ce monsieur est cornard, voilà !

Le mari répondit sans s’émouvoir :

— Je ne vois pas en quoi cela atteint l’honorabilité d’un homme ?

Elle parut stupéfaite.

— Comment, tu ne vois pas ?… tu ne vois pas ?… elle est trop forte, en vérité… tu ne vois pas ? Mais c’est un scandale public ; il est taré à force d’être cornard !

Il répondit :

— Ah ! mais non ! Un homme serait taré parce qu’on le trompe, taré parce qu’on le trahit, taré parce qu’on le vole ?… Ah ! mais non. Je te l’accorde pour la femme, mais pas pour lui.

Elle devenait furieuse.

— Pour lui comme pour elle. Ils sont tarés, c’est une honte publique.

Bondel, très calme, demanda :

— D’abord, est-ce vrai ? Qui peut affirmer une chose pareille tant qu’il n’y a pas flagrant délit ?

Mme Bondel s’agitait sur son siège.

— Comment ? qui peut affirmer ? mais