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Que de plaisanteries stupides, encore, sur cette feuille où s’était arrêtée cette Mouche.

"N’a-qu’un-Oeil", depuis l’arrivée de "Mouche" dans le bateau, avait pris au milieu de nous un rôle prépondérant, supérieur, le rôle d’un monsieur qui a une femme à côté de quatre autres qui n’en ont pas. Il abusait de ce privilège au point de nous exaspérer parfois en embrassant Mouche devant nous, en l’asseyant sur ses genoux à la fin des repas et par beaucoup d’autres prérogatives humiliantes autant qu’irritantes.

On les avait isolés dans le dortoir par un rideau.

Mais je m’aperçus bientôt que mes compagnons et moi devions faire au fond de nos cerveaux de solitaires le même raisonnement : " Pourquoi, en vertu de quelle loi d’exception, de quel principe inacceptable, Mouche, qui ne paraissait gênée par aucun préjugé, serait-elle fidèle à son amant, alors que les femmes du meilleur monde ne le sont pas à leurs maris ? "

Notre réflexion était juste. Nous en fûmes bientôt convaincus. Nous aurions dû seulement la faire plus tôt pour n’avoir pas à regretter le temps perdu. Mouche trompa " N’a-qu’un-Oeil"