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moi en femme riche, en femme aimée, j’ose dire, en femme heureuse. Je ne dois rien à ce gueux qui a gâté nos dernières années et il n’aura rien de moi. Il est inutile d’insister. Nommez-lui l’autre si vous voulez. Je le regrette, mais je m’en lave les mains.

Alors, maman se tourne vers moi. Je me disais : "Bon… v’là que je retrouve mon vrai père… ; s’il a de la galette, je suis un homme sauvé…"

Elle continua :

— Ton père, le baron de Vilbois, s’appelle aujourd’hui l’abbé Vilbois, curé de Garandou, près de Toulon. Il était mon amant quand je l’ai quitté pour celui-ci.

Et voilà qu’elle me conte tout, sauf qu’elle vous a mis dedans aussi au sujet de sa grossesse. Mais les femmes, voyez-vous, ça ne dit jamais la vérité.

Il ricanait, inconscient, laissant sortir librement toute sa fange. Il but encore, et la face toujours hilare, continua :

— Maman mourut deux jours… deux jours plus tard. Nous avons suivi son cercueil au cimetière, lui et moi… est-ce drôle…., dites… lui et moi… et trois domestiques… c’est tout. Il pleurait comme une vache…