les faisans, cailles ou perdrix, ou de voir les petits lapins foudroyés culbuter comme des clowns, cinq ou six fois de suite sur la tête, en montrant à chaque cabriole la mèche de poils blancs de leur queue. Hors ces plaisirs d’automne et d’hiver, ils jugeaient la campagne assommante. Rocdiane disait : « Je préfère les petites femmes aux petits pois. »
Le dîner fut ce qu’il était toujours, bruyant et jovial, agité par des discussions où rien d’imprévu ne jaillit. Bertin, pour s’animer, parla beaucoup. On le trouva drôle ; mais, dès qu’il eut bu son café et joué soixante points au billard avec le banquier Liverdy, il sortit, déambula quelque peu de la Madeleine à la rue Taitbout, passa trois fois devant le Vaudeville en se demandant s’il entrerait, faillit prendre un fiacre pour aller à l’Hippodrome, changea d’avis et se dirigea vers le Nouveau-Cirque, puis fit brusquement demi-tour, sans motif, sans projet, sans prétexte, remonta le boulevard Malesherbes et ralentit le pas en approchant de la demeure de la comtesse de Guilleroy : « Elle trouvera peut-être singulier de me voir revenir ce soir ? » pensait-il. Mais il se rassura en songeant qu’il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il prît une seconde fois de ses nouvelles.
Elle était seule avec Annette, dans le petit salon du fond, et travaillait toujours à la couverture pour les pauvres.