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4 LE MUR. Les émanations des bois et de la plaine A celles de la chair parfumée, et troublant D'une oscillation la flamme des bougies. On respirait les fleurs des champs et des cheveux. Quelquefois, traversant les ombres élargies, Un souffle froid, tombé du ciel criblé de feux, Apportait jusqu'à nous comme une odeur d'étoiles. Les femmes regardaient, assises mollement, Muettes, l'oeil noyé, de moment en moment Les rideaux se gonfler ainsi que font des voiles; Et rêvaient d'un départ à travers ce ciel d'or, Par ce grand océan d'astres. Une tendresse Douce les oppressait, comme un besoin plus fort D'aimer, de dire, avec une voix qui caresse, Tous ces vagues secrets qu'un cœur peut enfermer. La musique chantait et semblait parfumée; La nuit embaumant l'air en paraissait rythmée; Et l'on croyait entendre au loin des cerfs bramer.