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le pardon

de Julie, qui représentait pour elle la perfection.

Elle était heureuse, d’un bonheur parfait, calme et doux.

Mais voici que Mme Rosset tomba malade. Berthe ne la quitta plus. Elle passait les nuits, se désolait ; son mari lui-même était désespéré.

Or, un matin, le médecin, en sortant de sa visite, prit à part Georges et sa femme, et leur annonça qu’il trouvait fort grave l’état de leur amie.

Dès qu’il fut parti, les jeunes gens atterrés, s’assirent l’un en face de l’autre ; puis, brusquement, se mirent à pleurer. Ils veillèrent, la nuit, tous les deux ensemble auprès du lit ; et Berthe, à tout instant, embrassait tendrement la malade, tandis que Georges, devant les pieds de sa couche, debout la contemplait silencieusement avec une persistance acharnée.

Le lendemain, elle allait plus mal encore.

Enfin, vers le soir, elle déclara qu’elle se trouvait mieux, et contraignit ses amis à redescendre chez eux pour dîner.

Ils étaient tristement assis dans leur salle, sans guère manger, quand la bonne remit à Georges