Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

septième coup, il ouvrit une armoire où Duroy aperçut une vingtaine de bilboquets superbes, rangés et numérotés comme des bibelots dans une collection. Puis, ayant posé son instrument à sa place ordinaire, il répéta :

— Où loge-t-il, ce joyau ?

Le journaliste répondit :

— Chez un marchand de billets du Vaudeville. Je t’apporterai la chose demain, si tu veux.

— Oui, c’est entendu. S’il est vraiment beau, je le prends ; on n’a jamais trop de bilboquets.

Puis se tournant vers Duroy :

— Viens avec moi, je vais t’introduire chez le patron, sans quoi tu pourrais moisir jusqu’à sept heures du soir.

Ils retraversèrent le salon d’attente, où les mêmes personnes demeuraient dans le même ordre. Dès que Forestier parut, la jeune femme et la vieille actrice, se levant vivement, vinrent à lui.

Il les emmena, l’une après l’autre, dans l’embrasure de la fenêtre, et, bien qu’ils prissent soin de causer à voix basse, Duroy remarqua qu’il les tutoyait l’une et l’autre.

Puis, ayant poussé deux portes capitonnées, ils pénétrèrent chez le directeur.