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allant toujours de son pas tranquille, et il se demanda : « Qu’est-ce que ce particulier-là peut bien faire ici ? »

Le promeneur aussi avait ralenti sa marche et regardait Georges avec un désir visible de lui parler. Quand il fut tout près, il salua, et très poliment :

— Je vous demande pardon, monsieur, de vous déranger, mais pourriez-vous me dire à quelle époque a été construit ce monument ?

Du Roy répondit :

— Ma foi, je n’en sais trop rien, je pense qu’il y a vingt ans, ou vingt-cinq ans. C’est, d’ailleurs, la première fois que j’y entre.

— Moi aussi. Je ne l’avais jamais vu.

Alors, le journaliste, qu’un intérêt gagnait, reprit :

— Il me semble que vous le visitez avec grand soin. Vous l’étudiez dans ses détails.

L’autre, avec résignation :

— Je ne le visite pas, monsieur, j’attends ma femme qui m’a donné rendez-vous ici, et qui est fort en retard.

Puis il se tut, et après quelques secondes :

— Il fait rudement chaud, dehors.

Du Roy le considérait, lui trouvant une bonne tête, et, tout à coup, il s’imagina qu’il ressemblait à Forestier.

— Vous êtes de la province ? dit-il.