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ladresse de style de collégien et des formules de sous-officier. En une heure, il eut terminé une chronique qui ressemblait à un chaos de folies, et il la porta, avec assurance, à la Vie Française.

La première personne qu’il rencontra fut Saint-Potin qui, lui serrant la main avec une énergie de complice, demanda :

— Vous avez lu ma conversation avec le Chinois et avec l’Hindou. Est-ce assez drôle ? Ça a amusé tout Paris. Et je n’ai pas vu seulement le bout de leur nez.

Duroy, qui n’avait rien lu, prit aussitôt le journal, et il parcourut de l’œil un long article intitulé « Inde et Chine », pendant que le reporter lui indiquait et soulignait les passages les plus intéressants.

Forestier survint, soufflant, pressé, l’air effaré :

— Ah bon, j’ai besoin de vous deux.

Et il leur indiqua une série d’informations politiques qu’il fallait se procurer pour le soir même.

Duroy lui rendit son article.

— Voici la suite sur l’Algérie.

— Très bien, donne : je vais la remettre au patron.

Ce fut tout.

Saint-Potin entraîna son nouveau confrère,