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d'auberges, pas même de cafés, où l'on peut à la rigueur coucher. On demande l'hospitalité, comme autrefois, et la maison des Corses est toujours ouverte aux étrangers.

Arrivés dans un adorable village, Létia, d'où l'on aperçoit un magnifique horizon de sommets et de vallées, je ne pouvais plus même partir, retenu sans fin par les instances des familles Paoli et Arrighi, qui organisaient chaque jour parties de chasse ou excursions pour me faire rester plus longtemps.

Après avoir traversé les immenses forêts d'Aïtone et de Valdoniello, le val du Niolo, la plus belle chose que j'aie vue au monde après le mont Saint-Michel et une partie de la Balagne, le pays des oliviers, j'ai retrouvé la mer auprès de Corbara.

Le paysage est grandiose et mélancolique. Une plage immense s'étend en demi-cercle, fermée à gauche par un petit port presque abandonné des habitants (car la fièvre ici dépeuple toutes les plaines), et terminée à droite par un village en amphithéâtre, Corbara, élevé sur un promontoire.

Le chemin qui me conduit au monastère est à mi-côte et passe au pied d'un mont élevé que couronne un paquet de maisons