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- Venez donc la saluer; elle vous invitera à la partie de campagne que nous faisons demain.

La princesse, une petite femme maigre, vêtue presque toujours d'une façon un peu masculine, de vestons de drap collés à la taille et de robes à la physionomie alerte dénonçant la femme qui marche, qui chasse et monte à cheval, causait avec Mrs. Filds, au milieu d'un groupe d'hommes serrés autour d'elles comme une escorte défensive. Quand elle aperçut Mariolle, elle lui offrit la main, amicalement, disant:

- Tiens, bonjour, monsieur. Vous voici donc à Aix. Elle le présenta tout de suite à la belle Américaine dont le visage clair souriait toujours du même sourire sous une flambée éclatante de cheveux blonds. Ce n'était point ce nuage vaporeux dont sont auréolées certaines figures anglaises, mais une chevelure ensoleillé et lourde comme une moisson mûre de terre vierge.

Elle était célèbre dans toutes les capitales.

Ils causèrent. La princesse ne jouait jamais. Elle venait là pour regarder, en spectatrice, car elle faisait une cure sérieuse, ayant pris des rhumatismes dans les chasses à courre, au dernier automne. De très bonne maison, de très bonne compagnie, elle avait, poussé à l'extrême, le goût des chevaux et des sports. Rien que cela ne l'occupait, ne l'intéressait, ne la passionnait. Agée de trente ans environ, pas jolie, mais agréable, avec un air de garçon, des yeux bleus doux et crânes, de jolis cheveux châtains, une maigreur souple, élégante et musclée, elle aimait s'amuser, courir les bois, tuer des bêtes, donner des fêtes, tirer des feux d'artifice, monter à cheval avec des hommes, sans aucun souci apparent de la galanterie. Son mari,