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Des femmes du monde aussi, du meilleur monde, du très grand monde, apparaissaient escortées d'une cour de gentlemen: la princesse de Guerche, la marquise Epilati, lady Wormsbury, la toute belle Anglaise, une des amies favorites du prince de Galles, un connaisseur, et sa rivale, Mrs. Filds, la blonde Américaine.

Et soudain, bien que le bruit des pas et des paroles grandît sans cesse, le tintement de l'or sur les tables s'accrut si fort que sa petite voix métallique, continue et claire, dominait les rumeurs humaines. Mariolle maintenant regardait, reconnaissait des visages, et, avec des prétentions d'expert en beauté féminine, recommençait contre Lucette ces discussions que tous les hommes du monde ont soutenues. Une nouvelle figure parut, une brune, brune comme on l'est aux confins de l'Orient, portant sur le front et sur les tempes cette poussée épaisse de cheveux noirs qui semblent couronner une femme avec de la nuit. De stature moyenne, elle avait une taille fine, une poitrine pleine, une démarche souple, un air de vivacité et d'indolence en même temps et cette allure de beauté agressive qui jette des défis à tous les yeux.

- Tiens, c'est joli, cela, dit Mariolle.

- Lucette répondit:

- Je te présenterai quand tu voudras.

- Qui est-ce?

- La comtesse Mosska, une Roumaine.

- C'est drôle, reprit Mariolle, je n'ai jamais été bien séduit par les brunes.

- Allons donc, et pourquoi?

- Je ne sais pas; ça ne s'est point trouvé. Et puis je préfère les cheveux châtains ou blonds.

- Elles sont teintes, les blondes.

- Mais non, mon cher.