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ŒUVRES POSTHUMES.

17 juillet. — Remarqué deux jolies femmes qui prennent leurs bains et leurs repas après tout le monde.

18 juillet. — Rien.

19 juillet. — Revu les deux jolies femmes. Elles ont du chic et un petit air je ne sais quoi qui me plaît beaucoup.

20 juillet. — Longue promenade dans un charmant vallon boisé jusqu’à l’Ermitage de Sans-Souci. Ce pays est délicieux, bien que triste, mais si calme, si doux, si vert. On rencontre par les chemins de montagne les voitures étroites chargées de foin que deux vaches traînent d’un pas lent, ou retiennent dans les descentes, avec un grand effort de leurs têtes liées ensemble. Un homme coiffé d’un grand chapeau noir les dirige avec une mince baguette en les touchant au flanc ou sur le front ; et souvent d’un simple geste, d’un geste énergique et grave, il les arrête brusquement quand la charge trop lourde précipite leur marche dans les descentes trop dures.

L’air est bon à boire dans ces vallons. Et s’il fait très chaud, la poussière porte une légère et vague odeur de vanille et d’étable ; car tant de vaches passent sur ces routes qu’elles y laissent partout un peu d’elles. Et cette odeur est un parfum, alors qu’elle serait une puanteur, venue d’autres animaux.

21 juillet. — Excursion au vallon d’Enval. C’est une gorge étroite enfermée en des rochers superbes au pied même de la montagne. Un ruisseau coule au milieu des rocs amoncelés.

Comme j’arrivais au fond de ce ravin, j’entendis des voix de femmes, et j’aperçus bientôt les deux dames mystérieuses de mon hôtel, qui causaient assises sur une pierre.

L’occasion me parut bonne et je me présentai sans