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« Ève qu’ornoit la beauté dans toute sa perfection, répondit à son époux : Source de mon existence dont tu disposes, j’obéis sans replique à ce que tu m’as commandé ; Dieu l’ordonne ainsi. Dieu est ta loi, tu es la mienne : n’en point connoître d’autre, est la science la plus précieuse de la femme et sa véritable gloire ».

Telles sont précisément les raisons que j’ai employées vis-à-vis des enfans. J’avois pourtant soin d’y ajouter : Votre intelligence commence à se fortifier, vous ferez bien de prendre mes avis jusqu’à un certain dégré de maturité ; alors votre devoir sera de penser par vous-mêmes et de ne consulter que Dieu et votre conscience.

Cependant, Milton paroît d’accord avec moi dans les vers suivans, où il fait adresser par Adam ce raisonnement à son auteur : « Ne m’as-tu pas fait ici ton lieutenant ? N’as-tu pas placé bien au-dessous de moi ces êtres inférieurs ? Quelle société, quelle harmonie, quel vrai plaisir peut exister entre des êtres inégaux ? Et pourtant tous ces biens doivent être