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querelle intestine parmi les communistes : celle de la durée probable de la petite bourgeoisie. Une remarque ingénieuse du Manifeste, et qui ne peut être que de Marx, souligne qu’à côté de l’ancienne artisanerie et de la petite culture paysanne qui « végètent » et sont condamnées à la ruine, une petite bourgeoisie nouvelle « se reforme sans cesse ». Il n’est donc, pas vrai que la petite bourgeoisie doive disparaître comme classe de sitôt. Les « individus » de cette classe se prolétarisent par des catastrophes continuelles. Ils sont remplacés par d’autres ; et ainsi cette petite bourgeoisie, appendice de la grande, ne disparaîtra qu’à une échéance lointaine. Mais le seul Pecqueur, comme l’a remarqué George Sorel, avait ainsi osé affirmer que « la classe moyenne n’est point à vrai dire une classe : elle est une lice, un concours pour tous »[1]. Incessamment, des prolétaires du dehors y entrent, de petits industriels et des paysans en sortent vaincus. Lentement, la défaite de ces athlètes médiocrement armés sera générale. Présentement, ils sont le nombre. « La puissance politique active dans chaque nation européenne leur sera probablement dévolue, en grande partie, à l’avenir[2]. » Nous avons vu que Marx pensait ainsi. La notion même de la Révolution sociale s’en trouve changée (§ 32, 54).

Ce n’est pas à Pecqueur que s’appliquent les dures critiques qui terminent ce chapitre. Elles n’atteignent même pas en entier Sismondi.

  1. Pecqueur. Des Intérêts du Commerce, II, p. 207.
  2. Ibid., p. 208.