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modernes est l’expression dernière et accomplie d’un état de choses où la production et l’appropriation des produits sont conditionnées par une lutte de classe, par une exploitation de l’homme par l’homme.

En ce sens les communistes ont le droit, en effet, de résumer leur théorie dans cette formule : abolition de la propriété privée.

37. On a souvent reproché aux communistes que nous sommes de vouloir abolir la propriété personnellement acquise par le travail de l’individu ; propriété qui, dit-on, forme la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance personnelles. Quelle est donc cette propriété acquise par le travail, l’activité, le mérite individuels ?

Parle-t-on de la propriété du petit bourgeois, du petit paysan qui a existé avant la propriété bourgeoise ? Il n’est pas besoin que nous l’abolissions. Le développement de l’industrie l’a abolie déjà et tous les jours l’abolit davantage. Parle-t-on de la propriété privée bourgeoise moderne ?

Est-ce donc que le travail salarié, le travail du prolétaire crée une propriété à ce prolétaire ? Nullement. Elle crée du capital. Elle crée la propriété qui exploite le travail salarié, et qui ne peut s’accroître qu’en augmentant le nombre des travailleurs salariés, qu’elle exploitera à leur tour. La propriété, dans sa forme actuelle, se meut entre les pôles opposés du capital et du travail salarié. Considérons ces deux pôles de l’antithèse.