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dans l’échange des marchandises entre la Sibérie et la Chine, quoique le commerce ne soit en fait que le commerce par troc. Pour la monnaie, en tant que monnaie de compte, il est indifférent, par conséquent, que son unité de mesure ou les fractions de celle-ci soient ou non monnayées. En Angleterre, au temps de Guillaume le Conquérant, 1 £, alors une livre d’argent pur et le shilling 1/20 d’une livre, n’existait que comme monnaie de compte, tandis que le penny, 1/240 d’une livre d’argent, était la plus forte monnaie d’argent. Dans l’Angleterre de nos jours, au contraire, il n’y a ni shillings ni pence, quoiqu’ils soient les noms des comptes légaux de parties déterminées d’une once d’or. La monnaie en tant que monnaie de compte peut en général n’exister qu’idéalement, tandis que la monnaie qui existe réellement est monnayée d’après un tout autre étalon. Ainsi dans beaucoup de colonies anglaises de l’Amérique du Nord la monnaie circulante consistait jusque bien avant dans le xviiie siècle en espèces espagnoles et portugaises tandis que la monnaie de compte était partout la même qu’en Angleterre[1].

  1. L’acte de Maryland de 1723 qui faisait du tabac la monnaie légale mais réduisait sa valeur à la monnaie d’or anglaise, c’est-à-dire 1 penny par livre de tabac, fait penser aux leges barbarorum où inversement des sommes de monnaie déterminées étaient égalées aux bœufs, aux vaches, etc. Dans ce cas ce n’est pas l’or et l’argent, mais