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portion exacte dans laquelle le temps de travail des individus est réparti dans les différentes branches de l’industrie et qu’il représente la libre concurrence comme le procès social qui crée cette juste proportion. En même temps, et en contraste avec Petty, il combat avec fanatisme l’argent, qui, par son intervention, trouble l’équilibre naturel ou l’harmonie de l’échange des marchandises et, Moloch fantastique, demande en sacrifice toute la richesse naturelle. Or, si d’un côté cette polémique contre l’argent se rattache à des circonstances historiques déterminées, puisque Boisguillebert fait la guerre à la passion de l’or aveuglément destructrice de la cour d’un Louis XIV[1], de ses fermiers généraux et de sa noblesse, alors que Petty exalte dans la passion de l’or l’impulsion énergique qui pousse un peuple à développer l’industrie et à conquérir le marché universel, il se manifeste néanmoins ici le profond antagonisme de principes qui se retrouve comme un contraste permanent entre l’économie vraiment anglaise et l’économie vraiment française[2]. Boisguillebert, en effet, n’a en vue que le

  1. En opposition à « l’art noir de la finance » de l’époque Boisguillebert dit : « La science financière n’est que la connaissance approfondie des intérêts de l’agriculture et du commerce », Le détail de la France, 1697. Édition Eugène Daire, Économistes financiers du xviiie siècle, Paris, 1843, vol. 1, p. 241.
  2. Non pas dans l’économie romane, car les Italiens, dans les deux écoles Napolitaine et Milanaise, renouvellent l’opposition de l’économie anglaise et française, tandis