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fut lui qui, après la prise de Madras eut à mettre en ordre et à présenter toutes les pièces du dossier de cette affaire et il ne cacha point à Dupleix combien son opinion était défavorable à la Bourdonnais.

À part ces quelques appréciations sur les principaux acteurs de notre politique dans l’Inde, les lettres de Saintard (B. N. 9.150 p. 141-181) ne sont consacrées ni aux nouvelles d’Europe, ni même à celles de la Compagnie ; du commencement à la fin il n’est question que de ses protégés et notamment de ses neveux Gosse et Saint-Janvier, dont l’un géra un instant le consulat de Bassora et dont l’autre était un très mauvais sujet, envoyé dans l’Inde pour sa paresse et ses mœurs déréglées.

Cet oncle excellent était aussi un bon administrateur ; son esprit ne manquait ni de grâce ni de souplesse et au demeurant ce devait être un assez habile homme.


Avec son collègue Castanier nous nous trouvons en présence d’un homme d’affaires que ses intérêts touchaient infiniment plus que ceux de la Compagnie. Il ne voyait dans sa situation qu’un moyen d’avoir du crédit et de faire des opérations fructueuses. Il avait de gros fonds engagés dans l’Inde et en Chine et considérait le gouverneur de Pondichéry, les chefs de comptoirs et même les capitaines de navire comme des mandataires chargés de les faire valoir en son nom. Ces fonds représentaient en 1741 une somme de 27.300 marcs de piastres, soit approximativement 1.320.000 francs ; c’est dire toute leur importance. En 1745 Dupleix arrêtait son compte à 537.016 rs. De nombreux documents d’archives[1] nous permettraient de reconstituer assez exactement la

  1. B. N. 9.147. p. 60 à 68.