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tice qu’il ne se lassait pas de suivre ses protégés jusqu’à ce qu’il eut assuré leur avenir. Chaque année c’étaient les mêmes demandes et les mêmes sollicitations. Sans doute sa situation à la Compagnie lui permettait-elle ces sortes d’exigences et c’est ainsi que de tout temps la faveur a eu une large part dans le partage ou l’administration des emplois publics.


Duvelaër ne faisait pas d’ailleurs exception dans le conseil de la Compagnie ; son collègue Saintard était peut-être plus obstiné que lui à recommander les membres de sa famille, mais il le faisait d’une façon plus insinuante et avec un détachement plus apparent. Chacun suit son tempérament, le résultat était le même ; l’introduction au service de la Compagnie de sujets parfois indésirables.

Soit par coquetterie, soit en toute sincérité, Saintard ne se reconnaissait pas comme à ses collègues une grande autorité auprès des ministres.

« Comptez sur mon amitié et sur ma bonne volonté, écrivait-il à Dupleix le 31 octobre 1742, et comptez y sûrement mais point sur mon pouvoir ; car en vérité tous, tant que nous sommes ensemble et en particulier, nous ne pouvons peu de chose et quiconque dit autrement ne dit pas vrai. »

Il considérait qu’après le départ de Dumas, Dupleix était le seul dans l’Inde capable de tenir sa place à la satisfaction de la Compagnie et à l’honneur de la nation ; il vit le premier avec un plaisir sensible à son retour en France, apprit avec chagrin la mort de Lenoir et lorsque se présentèrent les premières difficultés avec la Bourdonnais, reconnut la vérité de toutes les réflexions de Dupleix et lui donna l’assurance, à quelque parti qu’il s’arrêtât, qu’il ne devait pas craindre d’être blâmé. Ce