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menaçait tout à la fois. C’était pour lui un jeu d’invoquer des victoires imaginaires, comme aussi de laisser courir tous autres bruits qui pouvaient servir sa politique. N’alla-t-il jusqu’à provoquer parmi ses propres troupes des désertions simulées de cipayes, qui se firent accueillir ensuite dans les camps du nabab et de Naser j., où ils tirent des rapports aussi exagérés que concordants sur les travaux de Madras et de Pondichéry et sur le nombre et la valeur des troupes qui y tenaient garnison ? Naser j. lui-même en fut dupe, au point qu’il fit venir ces soi-disant déserteurs et en présence de ses principaux officiers et de sa cour les invita à répéter tout ce qu’ils pouvaient savoir des préparatifs qu’avait faits Dupleix : « après quoi, ajoute le marquis de Nazelle dans son exposé et la défense de Pondichéry, (p. 170), il déclara hautement que les Anglais l’avaient trompé, en voulant le mêler à une affaire dont il ne pouvait retirer que de la honte » et fit chasser leurs envoyés « d’une façon bien outrageante pour leur maître ». Il alla même jusqu’à refuser, officiellement du moins, tout présent de leur part. Ceux qu’on avait apportés furent distribués à des seigneurs de la cour, moins scrupuleux que leur souverain.

Tout n’était cependant pas inexact dans l’opinion que Dupleix voulait que l’on eut de Pondichéry ; il est certain que par l’ensemble des travaux effectués depuis dix ans, la ville était en parfait état de défense aussi bien du côté de la terre que du côté de la mer. Elle était entourée de tous cotés par un mur d’enceinte, dans lequel s’ouvraient cinq portes, celles de Madras, de Valdaour, de Villenoar, de Goudelour et la porte marine, et sur lequel s’échelonnaient, en allant du nord au sud, les dix bastions St-Louis, Orléans, Anjou, Nord-Ouest, Saint-Joseph, Sans-Peur, la Reine, l’Hôpital, la Petite Batterie et St-Laurent. Trois