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il avait dû attendre pendant près d’un mois cinq vaisseaux de renfort que lui envoyait la Compagnie d’Angleterre et un contingent de 400 hommes que lui amenèrent des navires hollandais. Une partie d’entre eux étaient d’anciens soldats écossais du prétendant Charles-Édouard qu’on avait embarqués de force, et à qui l’on avait dissimulé le but du voyage, pour éviter des désertions et même des révoltes.

D’après ses instructions, Boscawen devait avant toutes choses essayer de prendre Pondichéry, et afin de ne pas renouveler les conflits d’attribution, qui avaient si malheureusement divisé Dupleix et la Bourdonnais, on lui avait donné le commandement des forces de terre et de mer ; mais il ne lui était pas interdit, s’il jugeait l’occasion favorable, de s’emparer au passage des îles de France et de Bourbon, où les escadres françaises étaient toujours assurées de trouver un point d’appui. Au départ du Cap, Boscawen mit donc à la voile sur l’île de France et parut devant Port-Louis le 3 juillet.

Le gouverneur David, se doutant qu’il pouvait être attaqué, avait pris soin de répartir le millier d’hommes dont il disposait sur les différents points, où il avait lieu de craindre un débarquement et il y avait installé des batteries masquées. L’Alcide, qui arriva de France le 27 juin, lui amena un renfort utile de 400 hommes.

Ces heureuses dispositions suffirent à tenir en respect l’escadre ennemie. On opposa à son feu une vive canonnade, qui endommagea tellement les voiles, les mâts, les agrès et la coque même des navires que, le mois suivant, sur la description qui lui en fut faite, Dupleix conclut qu’elle avait rencontré notre escadre et qu’elle avait soutenu contre elle un combat désastreux[1].

  1. « Nos navires ont rencontré l’escadre anglaise qui venait