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la nuit, mais que la grosse mer et la paresse des macouas les avaient empêchés de gagner le bord, qu’ils étaient trop fatigués pour recommencer l’entreprise, mais qu’on le priait de venir par ses propres moyens mouiller aussi près que possible, sous peine de répondre de l’événement s’il n’obéissait pas au plus vite. Le capitaine, qui ne pouvait se douter de rien, obéit aussitôt et peu de temps après le navire se trouva si proche de la terre qu’on eut peur qu’il ne s’échouât. C’était le moment attendu. Quatre-vingts hommes préalablement embarqués dans des chelingues, montèrent aussitôt à bord, se saisirent du capitaine et du second, puis de tout l’équipage, au nombre de 86 hommes. Les scellés furent ensuite mis ; mais malgré les ordres de d’Espréménil et les efforts des officiers qui le pistolet au poing et le sabre à la main tentèrent de s’opposer au pillage, rien, sauf la cale, ne résista à la fureur des matelots. On assure cependant qu’il ne fut pris que peu d’objets ayant quelque valeur. L’argent trouvé consistait en 41 caisses, d’une valeur d’environ 350.000 roupies, que l’on fit passer à Pondichéry, par chameaux et par éléphants[1].

Deux semaines plus tard, cette opération eut été impossible. Le 15 mars au matin, deux vaisseaux de l’escadre anglaise de l’amiral Griffin, portant pavillon hollandais, parurent devant Madras et en commencèrent le blocus. D’Espréménil fit aussitôt rapprocher très près de terre la Princesse Émilie et le Neptune, pour les mettre à l’abri de toute insulte et, par surcroît de précaution, fit débarquer toutes les marchandises qu’elles avaient à leur bord. Le pis qui put leur arriver était de tomber au pouvoir de l’ennemi, mais plutôt que de leur laisser courir ce risque,

  1. A. P. t. 16. Lettre au Cons. Sup. du 3 mars 1747.