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témoigner à Dupleix toute la part qu’il prenait à de si grands événements : depuis la bataille de Canamay en 1740, il savait à quoi s’en tenir sur la valeur des Français :

« Ma joie est si complète, lui disait-il, qu’il me semble que c’est à moi-même que cela est arrivé. Je ne puis en vérité vous l’exprimer d’une façon plus forte. Cette nouvelle étant venue aux oreilles de Savouraja, Ragogy Bonsla et autres généraux des Marates, ils n’ont pas pu s’empêcher de vous donner toutes les louanges que mérite une pareille action et dans le fort du leur étonnement et de leur surprise, ils ont rendu malgré eux la justice que mérite une nation aussi brave que la vôtre, en disant qu’elle était bien heureuse d’être sous le commandement d’un homme aussi rempli de courage, de bravoure, de capacité et de hardiesse que vous, puisque jamais pareil événement n’était arrivé dans les Indes depuis que les nations européennes y sont établies… »

Nous pourrions encore citer des lettres émanant d’Iman Sahib et exprimant ses sentiments personnels, du frère de Chanda Sahib et enfin du général de l’armée de Naser jing, fils du Nizam[1] ; elles ne sont pas conçues en des termes moins admiratifs ; mais nous préférons nous en tenir au témoignage des hommes qui avaient ou pouvaient avoir une action effective sur la direction des événements. Leur jugement n’était pas seulement un hommage rendu au mérite de Dupleix ; c’était aussi une reconnaissance de sa puissance, puisqu’ils allaient jusqu’à demander son amitié. Funeste aveuglement ! mais qui pouvait alors prévoir où l’amitié des Européens allait les entraîner ? Dupleix lui-même ne pouvait s’en rendre compte. Cependant c’est cette victoire de l’Adyar, qui, par le lent

  1. Nazelle, p. 264, 274 et 276.