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cette réponse n’entraîne aucune discussion ni doute ; je n’en ai pas le temps : il ne me faut que le oui ou le non ».

Sur l’affirmation que d’Espréménil lui donna le lendemain, 12 octobre, que Dupleix tiendrait en effet sa parole, la Bourdonnais, d’accord sans doute avec Morse, envoya cinq nouveaux articles, motivés par le changement de date, et dont le seul essentiel était que les Français évacueraient Madras au plus tard à la fin de janvier[1]. Mais, comme s’il avait la sentiment que Dupleix promettrait mais ne tiendrait pas, il terminait par ces mots :

« Vous traiterez, Monsieur, cette ville conformément à votre façon de penser. Il en est une de laquelle il ne vous est guère possible de vous écarter, sans vous rendre responsable en votre privé nom, de tout ce qui se passera de contraire au traité et aux engagements des Français…

« J’ai au reste si grande envie d’être quitte de tout ceci, que je brûle de recevoir votre réponse. Songez que le temps presse ; la moindre difficulté m’arrête tout court et me met dans la nécessité de signer le traité, tel qu’il était avant ces dernières conditions » (Mémoire, n° 135).

Cette sorte d’ultimatum mettait pour ainsi dire Dupleix

  1. Il suffira de résumer ces cinq articles :

    1° Le Conseil s’engage et donne sa parole de tenir les articles du traité, dont M. de la Bourdonnais lui a envoyé copie, autant que les Anglais tiendront la leur.

    2° Il s’engage à évacuer le fort et la ville aussitôt que les effets de la Compagnie de France auront été enlevés, mais au plus tard à la fin de janvier.

    3° Quoique la ville soit gardée par les troupes françaises, le Conseil et les employés anglais pourront faire leurs affaires et commerce comme à l’habitude.

    4° Les otages aussi bien que les billets seront remis à Dupleix six jours avant l’évacuation de la ville. Les troupes de Madras envoyées prisonnières à Goudelour pourront revenir.

    5° La rade sera sûre, jusqu’à l’évacuation de la place, pour les Français comme pour les vaisseaux marchands anglais.