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étonna tellement les soldats qu’aucun d’eux ne répondit et que tous parurent également interdits. »

Quoiqu’il en soit, les députés étant venus au gouvernement entrèrent dans une grande salle où la Bourdonnais se trouvait avec une vingtaine de personnes.

Il fit quelques pas au devant d’eux et leur demanda ce qui les amenait : Bury lui remit la lettre dont il était porteur. Après en avoir pris lecture, La Bourdonnais leur proposa « d’entrer dans son cabinet, sous prétexte qu’y étant « sans témoins incommodes, ils pourraient s’expliquer avec plus de liberté ». — Non, Monsieur, se serait écrié Paradis, il faut que ce soit public. — À ces mots, le Gouverneur eut envie de faire arrêter tous les députés ; mais dans la crainte qu’ils n’eussent gagné quelques factieux, il se contint et il écouta patiemment la lecture des pièces suivantes qui lui fut faite par le greffier Desmarets :

1° La remontrance des habitants de Pondichéry ;

2° La protestation du Conseil supérieur qui cassait et annulait le traité de rançon ;

3° La commission de commandant des établissements français dans l’Inde pour Dupleix ;

4° Les lettres d’établissement d’un conseil provincial à Madras ;

5° La commission de commandant et directeur à Madras, donnée à d’Espréménil ;

6° La commission de major des troupes françaises dans les Indes, pour de Bury ;

7° Enfin l’ordre donné à Bury de se transportera Madras pour y faire exécuter les ordres de Dupleix.

Toutes ces lectures ne purent se faire sans beaucoup de tumulte et d’interruptions ; les officiers des Îles tenaient manifestement pour la Bourdonnais et ceux de Pondichéry pour Dupleix.