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dans la nuit du 4 octobre pour venir à Pondichéry, où Dupleix lui offrit de participer aux travaux du Conseil.

Ces tracasseries répétées influaient naturellement sur le bien du service. À l’exemple des principaux employés, d’autres refusaient d’obéir ou obéissaient mollement, en sorte que les travaux d’inventaire et d’embarquement n’avançaient plus. La crainte de déplaire à Dupleix arrêtait tout. La Bourdonnais s’en plaignit auprès de lui en ces termes :

« Pour hâter rembarquement des effets et vous procurer des vivres, j’avais nommé M. Desjardins et mon frère, les plus entendus qui soient ici en ce genre. L’un vient de recevoir de sa famille un avis secret de tout quitter, parce qu’il risque de vous déplaire en demeurant. Je suis obligé de me servir de mon autorité avec tous les deux ; je les fais rester au nom du roi. Si vous ne leur ôtez pas cette crainte, et que vous ne les autorisiez pas à continuer, ils abandonneront tout et moi aussi ; en répondra qui pourra. »

Le concert auquel devaient prendre part les députés n’était pas plus harmonieux. Lors de leur première entrevue avec la Bourdonnais, le 26 septembre, ils n’avaient pas osé ou voulu lui signifier expressément les instructions dont ils étaient les porteurs, mais ils le firent dès le lendemain matin par une lettre où ils lui notifièrent les ordres qu’ils avaient apportés de Pondichéry de se constituer en Conseil sous sa présidence ; ils y ajoutèrent une protestation contre toute capitulation qu’on pourrait faire ou avoir faite et une opposition formelle à toute restitution de la ville aux Anglais. Or, l’accommodement était en principe convenu depuis la veille. La Bourdonnais mit les députés au courant de la correspondance échangée à ce sujet avec Pondichéry, de telle sorte que chacun put discuter sans arrière-pensée. La Bourdonnais parla