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îles. La Bourdonnais serait ainsi assuré de faire des prises importantes qui l’indemniseraient de la prolongation de son séjour. L’incertitude où l’ennemi serait de nos projets, paralyserait tous les siens et « il est bon, écrivait Dupleix, qu’ils aient à leur tour quelques inquiétudes et que nous leur fassions perdre l’idée de légèreté qu’ils donnent avec trop de facilité à notre nation. » Si toutefois, comme cela paraissait être, le désir d’assurer le retour en Europe de trois ou quatre vaisseaux chargés de marchandises déterminait les projets de la Bourdonnais, il lui serait aisé de tout concilier en détachant dès maintenant de son escadre deux ou trois navires qui iraient s’approvisionner aux îles ou à Madagascar, tandis que lui-même bonderait de blé ceux qui lui resteraient et tous ensemble, l’expédition des Indes terminée, ils pourraient retourner en Europe au mois de février suivant.

« Je n’insisterais point, disait encore Dupleix, sur ce séjour de plus si l’escadre anglaise était détruite, mais subsistant dans son entier, nous devons, vous et moi, prévenir les suites qui en peuvent résulter, dont le roi et les ministres pourraient rejeter toute la faute sur nous et sur notre peu de prévoyance. Le poste que j’occupe m’oblige à vous représenter ce qui convient, j’en ai l’ordre du ministre et l’offre que vous m’avez toujours faite de vous concilier avec moi sur tout ce qui sera convenable au bien du service… »

Et parmi ces suites, Dupleix entrevoyait la conquête de Mahé où, par suite d’un accord encore respecté, la guerre ne devait point se faire et peut-être une attaque sur Tellichéry. Les Anglais, on pouvait en être convaincu, feraient leur possible pour nous rendre ce que nous comptions leur faire à Madras ( A. C. C2 81, p. 62-63).

Cette lettre d’un caractère ferme et précis contrastait