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deux gouverneurs ne pouvait l’ignorer. Chacun aussi pensait sans doute que l’avenir travaillerait exclusivement à son profit.

Avant toutefois d’aller à l’ennemi, la Bourdonnais, désireux que personne ne s’imaginât qu’il avait un intérêt quelconque dans la campagne de Madras, résolut d’embarquer comme commissaire général Bonneau, conseiller de l’Île de France et demanda à Dupleix de désigner de son côté un commissaire de Pondichéry, qui veillerait aux intérêts de la Compagnie (20 juillet). (A. C. C2 81 p. 21-22 et 61). Pour déférer aux souhaits qui lui étaient exprimés, celui-ci désigna ultérieurement d’Espréménil.

La Bourdonnais voulut encore avoir des précisions sur les vivres et agrès dont il pourrait disposer à l’issue de sa double campagne, c’est-à-dire fin octobre, pour son retour aux Îles puis en France ; autrement il lui serait impossible de partir de l’Inde et d’emporter les marchandises attendues par la Compagnie. Dupleix lui répondit aussitôt (30 juillet) qu’il lui serait peut-être difficile de satisfaire en si peu de temps à toutes ses demandes ; mais il y travaillerait à force et il espérait à peu de choses près trouver tout ce qu’on lui réclamait [1].

§ 3.

La Bourdonnais adressa encore à Dupleix une dernière demande. En allant à la recherche de l’escadre anglaise,

  1. Les demandes de la Bourdonnais portaient tout d’abord sur les effets, ustensiles, agrès et apparaux nécessaires à 10 ou 12 navires ; il lui fallait 500 pièces et 24 câbles de filain, 200 bards de kaire, 100.000 livres de bray gras et 100.000 livres de bray sec, 10.000 livres de soufre, 3 à 400 jarres d’huiles, 25 à 30.000 aunes de toiles d’Europe, 100 courges de toiles de Porto-Novo, 5.000 livres de fil et enfin 12 à 15.000 livres de clous de doublage.

    Pour les vivres et boissons, la Bourdonnais calculait qu’il lui