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De ces trois objets le premier était rempli. Pour le troisième qui était le plus lointain, il demandait simplement à Dupleix de lui fournir des vivres. Restait le second qui était le plus actuel et le plus important. Là, la Bourdonnais déclarait ne vouloir rien faire qu’après avoir consulté Dupleix, dont il sollicitait expressément les avis et les conseils.

Il semblait résulter de leurs conversations qu’ils étaient déjà tombés d’accord pour reconnaître que l’expédition de Madras, à laquelle ils travaillaient depuis deux ans, restait toujours la grande idée ; mais pour qu’elle pût s’exécuter en toute sécurité et qu’elle portât tous ses fruits, elle devait être précédée de la destruction de l’escadre anglaise. Or cette escadre, étant composée de vaisseaux marchant mieux que les nôtres, était d’un abordage difficile ; La Bourdonnais se proposait donc de l’attaquer à coups de canon et demandait à Dupleix de lui fournir soixante pièces d’artillerie, des munitions à proportion et des hommes de secours. Il espérait ainsi la vaincre, mais s’il ne pouvait la joindre, il reviendrait à Pondichéry prendre de nouveaux renforts et, sans même débarquer, procéderait aussitôt au fameux coup de main. Il était toujours entendu que l’opération resterait un secret pour tout le monde : les préparatifs qui se faisaient publiquement pouvant toujours être expliqués par les nécessités de la guerre maritime.

Tels étaient les projets de la Bourdonnais si, comme il l’espérait, Dupleix les secondait. La lettre se terminait ainsi et lon n’en saurait trop peser les termes :

« Si la fortune vous imite (?), que pensez-vous, Monsieur, que nous devions faire de Madras ? Pour moi, mon sentiment est d’en tirer toutes les marchandises que nous y trouverons, pour les embarquer dans nos vaisseaux et rançonner le reste ; car,