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Dupleix ne fut pas l’un des moins ardents à épouser cette opinion, mais ce n’est qu’une opinion ; il est seulement regrettable que la Bourdonnais y ait donné prise par ses hésitations, qui s’expliquent par d’autres motifs sans pourtant se justifier absolument ; nous les verrons en leur temps.

Quoi qu’il en soit, ces bavardages de Dupleix, qui sans doute n’étaient pas sans écho ni sans réplique, entretenaient entre les deux hommes une atmosphère de malaise et n’étaient pas un heureux prélude à l’examen des affaires qu’ils auraient à traiter officiellement : il était visible qu’ils ne les aborderaient pas avec confiance et sérénité. Cela ne les empêcha pas, les premiers jours tout au moins, de continuer à se témoigner l’un à l’autre des marques d’amitié ; ils se recevaient réciproquement à des dîners suivis de danses et de chants et acceptaient ensemble des invitations chez Paradis, la Villebague ou d’Espréménil. La Bourdonnais assistait aux conseils du gouvernement et restait ensuite à causer avec Dupleix.

§ 2.

Ananda, si curieux de toutes les nouvelles, n’a point connu ces conversations ; mais comme la Bourdonnais et Dupleix échangèrent des lettres les 17 et 20 juillet pour se communiquer leurs projets ou leurs observations, il est aisé, aux nuances près, de dégager le sens de ces entrevues.

La Bourdonnais, disait-il lui-même en sa lettre du 17 juillet, était venu dans l’Inde pour remplir un triple objet : porter à Pondichéry les fonds de la Compagnie, chercher à détruire l’ennemi par les voies qu’il croirait les meilleures, puis s’en retourner avec toutes les marchandises qu’on pourrait lui donner.