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mettre nos établissements à l’abri d’un coup de main.

Avec une entière bonne foi Dupleix croyait pourtant que les Anglais ne violeraient pas la neutralité. Il estimait que la tranquillité était ce qui convenait le mieux aux intérêts des deux Compagnies ; aussi était-il disposé à faire tout ce qui dépendrait de lui pour entretenir une bonne intelligence avec les Anglais. Dès qu’il eut connaissance de la déclaration de guerre, il écrivit (2 décembre) aux Conseils de Madras et de Bombay pour leur donner avis que l’intention du roi, du ministre et de la Compagnie était de ne point porter la guerre dans l’Inde au delà du Cap de Bonne-Espérance et pour leur soumettre en même temps un projet de neutralité. En attendant leur réponse, il se déclarait disposé à rester sur la défensive dans tous nos établissements et il défendait à tous les capitaines des vaisseaux français d’être agresseurs, en quelque manière que ce put être, depuis Le Cap de Bonne-Espérance jusqu’en Chine ; si les Anglais voulaient de leur côté entrer en de pareils arrangements, le commerce des deux nations continuerait comme en pleine paix. Dupleix ne doutait point qu’ils dussent accéder à ces propositions[1].

Cette assurance de Dupleix étonne quelque peu. Bien qu’il eut entretenu de bonnes relations avec les Anglais de Calcutta lorsqu’il était directeur du Bengale, il n’avait cependant qu’une confiance limitée en leur bonne foi, il connaissait leur caractère et leur politique. Dès le début de l’année 1742, alors qu’on les savait occupés à faire la guerre aux colonies espagnoles de l’Amérique, ils répandirent dans l’Inde le bruit que Carthagène avait été pris

  1. A. P., t. 7. — Lettre de Dupleix à la Compagnie du 3 décembre 1744.