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1748-1749. — Le rétablissement de la paix fut le signal d’une activité générale, parfaitement calculée. Le roi sentant par le peu d’avantages que la paix lui avait procurés, qu’il ne serait véritablement grand que quand ses forces de mer le mettraient en état de faire la loi sur cet élément[1], n’hésita pas à faire toutes les dépenses nécessaires pour reconstituer sa marine. Quant à la Compagnie, on vient de voir avec quels moyens elle entendait reprendre le commerce. Montaran, dans un rapport du mois de mai 1748, estimait que pour 1749 et les années à venir, les fonds nécessaires aux achats dans l’Inde ne devraient pas être inférieurs à 240.000 marcs ou 12 millions de francs, soit environ le double des années précédentes. Dix-huit millions étaient encore jugés indispensables pour l’armement des navires et les dépenses en France. Afin de se procurer ces trente millions, le roi paya d’abord les dividendes de 1748, comme il avait déjà payé ceux de 1747, soit 2.700.000 liv. chaque fois, puis un arrêt du Conseil autorisa la création de 14 millions de rentes viagères à 10 % sur une tête et à 7 ½ sur deux. L’opération marchant avec trop de lenteur, Péchevin, caissier de la Compagnie, fut autorisé à emprunter sur ses billets. Il recueillit ainsi en trois mois (août à octobre) 1.500.000 liv. En novembre et décembre on recourut aux traites sur l’étranger. Ce moyen se trouvant encore insuffisant, on cherchait en décembre d’autres ressources et on examinait notamment l’opportunité de créer des rentes intéressées, qui remplaceraient les actions rentières. On profita enfin de la vente des diverses marchandises qui venaient d’arriver du Brésil et de la Martinique.

  1. Lettre de Godeheu à Dupleix. 5 novembre 1749.