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Les deux vaisseaux envoyés à Pondichéry, le Phœnix et le Duc de Chartres, purent néanmoins rentrer sains et saufs à Lorient en septembre 1744 ; ils ramenaient l’un une cargaison de 156.829 pag. et l’autre de 138.471 pag.

La vente de ces cargaisons, commencée le 26 octobre et terminée le 10 décembre, se fit en général à des prix avantageux, moins élevés cependant qu’en 1743. Le poivre par exemple qui avait monté à 31 et même 33 s. la livre, descendit à 26. Même les marchandises prohibées se vendirent assez bien.

Quant aux deux vaisseaux du Bengale, ceux de Chine (Philibert, Mars et Baleine), et un autre, le Fleury, survivant de l’escadre de La Bourdonnais, ils avaient reçu, à l’île de l’Ascension, l’ordre de se réunir à Louisbourg en Acadie, pour revenir ensemble à Lorient, où ils n’arrivèrent que les 23 et 26 décembre. Leur vente commencée le 1er février 1745, produisit 8.400.000 livres, laissant, avec celle d’octobre-décembre, un reliquat de 300.000 liv. de marchandises en magasin pour le mois d’octobre suivant.

Cependant le retard de ces navires avait produit au sein de la Compagnie et dans le public intéressé aux affaires de l’Inde une panique indescriptible. Les ventes de la fin de 1744 n’avaient pas été suffisantes pour donner de quoi acquitter les billets Péchevin, caissier général de la Compagnie, échus le 20 novembre. Pour empêcher qu’ils ne fussent protestés avant la vente de février 1745, le roi avança 900.000 liv. en novembre, 2.660.000 en janvier et 833.333 en février. Mais comme on avait quinze millions de dettes à payer immédiatement et qu’on ne disposait d’aucun crédit, qu’on ne pouvait cependant pas interrompre le commerce, que, loin de là, il fallait envoyer des fonds aux Indes et en Chine, la Compagnie prit le