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le marc de cette matière ne valait plus que 10 marcs argent et on essayait de les revendre 12 ½ et même 13 marcs aux différentes nations qui avaient besoin de faire des expéditions en Europe. On le fournissait dans les mêmes conditions à la Compagnie sous le prétexte de lui procurer de quoi compléter ses cargaisons.

Les navires de France allant en Chine ou en revenant ne touchaient pas toujours à Pondichéry, mais on pouvait faire des armements directs dans l’Inde ; seulement il fallait d’assez gros capitaux — au moins 100.000 livres — et des bateaux assez résistants pour pouvoir naviguer dans les mers d’Extrême-Orient, où, au temps de la navigation à voile, les orages étaient parfois si dangereux[1]. Dupleix, directeur du Bengale, n’avait jamais trouvé les fonds ni les bateaux nécessaires pour entreprendre le voyage et avait dû s’associer à Dumas qui lui-même n’avait pas toujours rencontré à Pondichéry les concours dont il aurait eu besoin.

Les produits que l’on tirait de Chine consistaient surtout en thé de différentes qualités, porcelaine, rhubarbe, soie écrue de Nankin, étoffes de soie, comme gourgourans et damas pour habits et pour meubles, péquins, satins, éventails, vernis, borax, gomme-goutte, encre de Chine, papiers peints, rotins, etc.

Il n’était pas toujours aisé de se les procurer. Les Chinois nous recevaient avec plus de réserve que les autres Orientaux et il y avait toujours dans leur attitude comme une hostilité latente. C’étaient d’autre part des négociants très retors, dont les procédés commerciaux variaient et se nuançaient à l’infini. On ne pouvait guère passer avec eux un marché convenable sans les avoir longuement

  1. Pour les éviter autant que possible, il fallait que les bateaux arrivassent eu Chine entre le mois de juin et celui de janvier.