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craignit lui-même d’être attaqué. Les troupes se trouvant alors réduites à 115 blancs, il demanda des renforts à Dupleix, mais celui-ci ne put les envoyer en raison de l’assassinat de Sabder Ali, nabab d’Arcate, récemment accompli (2 octobre) dans des conditions qui inspirèrent des inquiétudes pour Pondichéry.

Les craintes de Février étaient heureusement sans fondement, les Tanjoriens n’en voulaient qu’à Negapatam. Loin de nous attaquer, leur générai Srinavas Pantoulou, nous fit demander des canons et des munitions de guerre et nous pria d’envoyer deux vaisseaux pour canonner la ville par mer. Février justifia aisément son refus par l’état de paix où nous étions avec les Hollandais. L’attaque de Negapatam, mal conduite, n’aboutit pas ; les Hollandais firent deux sorties et au cours de la seconde le général tanjorien fut blessé à mort. Son armée se retira alors jusqu’à trois lieues de la ville par une fuite précipitée, si précipitée même que le roi, en signe de mépris, envoya des vêtements de femmes à ces hommes si courageux. Un autre général, Sillasipa, ne fut pas plus heureux en reprenant l’offensive. Dans une attaque du 24 novembre, il perdit 150 hommes et il en résulta un certain arrêt dans les hostilités.

Fidèles à la neutralité, nous n’avions prêté aucun secours aux Tanjoriens ; Mossel, gouverneur de Negapatam n’en accusa pas moins Février (27 novembre) de leur avoir procuré de la poudre et des boulets. Dupleix à qui la plainte fut retournée le jour même répondit sans tarder (1er décembre) en invitant Mossel à fournir ses preuves et, comme il fallait s’y attendre, aucune ne fut produite. Les Hollandais, cédant à l’esprit qui les animait dans l’Inde, tenaient surtout à nous manifester leurs mauvaises dispositions.