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mèrent les effets qu’ils y avaient embarqués, qu’ils fussent pris ou perdus, et leurs demandes furent d’autant plus fortes que tout moyen de les contrôler avait disparu. Après de longs et inutiles pourparlers, le Conseil de Chandernagor jugea plus sage de porter l’affaire devant le nabab et en effet celui-ci, après avoir reçu un cadeau fort utile de 7.000 roupies, réduisit les exigences de ses sujets et leur fit accepter nos propositions. La prise du Tevenapatam n’en resta pas moins pour nous une assez mauvaise affaire[1].

Ces malheurs achevèrent d’isoler nos comptoirs du nord, mais ne les ruinèrent pas. Le directeur de Surate leur fit passer par voie de terre des lettres de change sur des marchands indigènes ; le Conseil de Pondichéry leur envoya 100.000 roupies de cauris en 1746 par un navire portugais et 100.000 autres en janvier 1747. Enfin le Conseil de Chandernagor vendit les unes après les autres les marchandises qui lui restaient en magasin et le 30 juin 1745, il en avait pour 1.157.227 rs.[2] Ainsi notre situation ne fut jamais désespérée ; elle fut seulement embarrassée et pénible.

Le commerce lui-même ne fut pas complètement interrompu ; on se livra à quelques petites opérations sous le couvert des vaisseaux maures ou arméniens. D’aucuns allèrent jusqu’à s’associer aux Hollandais ; en 1746, il y eut tout un exode de commerçants français à Chinsura et quelques-uns de nos capitaines y vendirent leurs navires :

  1. A. P., t. 7. Lettre du 31 janvier 1747.
  2. À la même date, les dettes de nos comptoirs étaient :

    Chandernagor, 467.968 rs. ; Cassimbazar, 193.900 ; Patna, 139.222. Total : 801.090.

    Un an plus tard, le 30 avril 1746, la même dette s’élevait à 853.274 rs.