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par le maniement des fonds dont il avait la répartition. Il donnait alors à ses subordonnés le « conseils les plus précis et les recommandations les plus minutieuses, en homme qui savait que le chargement des navires était le principal objet de leur mission et qu’on ne devait rien négliger pour satisfaire aux demandes de la Compagnie.

§ 1. — Chandernagor.

Malgré la récente acquisition de Karikal, Chandernagor restait le plus riche et le plus florissant de nos établissements. Dupleix y avait vécu pendant dix ans dans une paix profonde et y avait développé les affaires au point le plus haut qu’elles pussent atteindre avec les moyens financiers dont il disposait. Grâce à son inlassable énergie, il était parvenu à charger annuellement pour l’Europe deux ou trois navires, qui transportaient chacun de 1.800.000 à 2 millions de marchandises et il en armait une dizaine d’autres pour les mers de l’Inde, avec un chargement moyen de 3 à 400.000 livres. Ainsi les deux commerces arrivaient à peu près à se balancer.

À son départ, l’administration fut confiée à Dirois qui l’avait exercée par intérim onze ans auparavant. Dupleix n’avait pour lui aucune estime et il n’est pas de sarcasmes ni d’injures dont il ne l’ait couvert dans sa correspondance de 1730 à 1736. Cependant, au cours d’un congé qu’il prit en France de 1734 à 1736, Dirois avait produit une impression favorable auprès de la Compagnie et l’animosité de Dupleix avait paru quelque peu exagérée. À son retour, il avait été nommé directeur à Mahé. Si on eut écouté Dupleix, il n’eut été nommé ni là ni ailleurs, mais la Compagnie n’épousait pas toujours les querelles de ses employée, même quand elle avait en eux pleine confiance.