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changé d’habitation et lui indiquer où il pourrait la trouver. Encouragé par cette circonstance, Angus lui sourit et la figure d’Ella perdit un peu de sa gravité. — Mais jamais elle n’avait eu l’air si sombre que le fut celui d’Angus quand il entendit les matelots plaisanter sur cette pêcheuse qui avait parlé au capitaine avec la fierté d’une princesse. Ce n’est pas là, disaient-ils, l’allure des pêcheuses, même quand elles apportent la moitié d’un chargement au lieu d’un pauvre baril comme l’a fait celle-ci.

Angus pensa en lui-même qu’Ella était une princesse, la princesse des pêcheuses. Il connaissait bien autrefois toutes ses pensées, tous ses sentiments et il voyait déjà que le chagrin et les inquiétudes ne lui avaient rien fait perdre de sa dignité. Il s’arrangea aussitôt avec le capitaine pour rejoindre dans quelques jours la Mary en un point déterminé des îles afin d’enlever son bagage, et loua un bateau pour le conduire immédiatement à Garveloch.