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ner en ridicule à chaque effort qu’il tenterait. Il avait un modèle perpétuellement devant les yeux, c’était l’oncle Arthur ; et, en se demandant comment l’oncle Arthur s’y serait pris dans telle ou telle circonstance, il était parvenu à exécuter bien des choses auxquelles il n’aurait jamais pensé sans cela.

Il fut quelque temps avant que d’apprendre à porter son attention sur deux choses à la fois, et l’on aurait pu en sûreté discuter ses mérites et ses démérites à deux pas de lui, quand il était plongé dans ses mathématiques ou le crayon à la main, ce qu’il ne manquait jamais de faire à tous ses instants perdus.

— Qu’est-ce qu’il fait là ? se demandèrent ses parents un soir qu’il avait été remarquablement silencieux et qu’il paraissait dessiner quelque chose sur une feuille de papier placée devant lui.

— Une cabane pour Éphraïm, dit sa mère ; nous devons bientôt nous réunir tous pour bâtir une cabane à Éphraïm qui a merveilleusement travaillé dans l’espérance d’avoir une maison à lui. Temmy en fait son affaire, voilà plusieurs jours qu’il ne pense qu’à cela. Il veut que la cabane d’Éphraïm ne le cède à aucune autre dans nos domaines.

— Voyons comment il aura dessiné son plan, dit le docteur, mettant ses lunettes et s’avançant doucement derrière Temmy. Il regarda quelques minutes par dessus l’épaule du jeune homme avec un sourire de satisfaction, et-puis il appela sa femme.

Cette fois Temmy entendit et il leva vivement la tête.

— C’est très ressemblant, mon cher enfant ; c’est la peine d’avoir vécu pour qu’on se rappelle ainsi de nous.

— Il est si aisé, grand-père, de se rappeler la figure, de reproduire les traits.

— Oui, de copier la figure d’un homme. Ce nous est un grand plaisir de voir que vous le trouviez facile ; mais nous en éprouvons bien plus à vous voir copier et reproduire son âme. Temmy, vous êtes aujourd'hui pour nous le meilleur et le plus fidèle portrait d'Arthur.