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Gratifié de trois deniers,
Seul, tu bois plus de vin que cinq autres ensemble ;
À boire autant, en vérité,
On pourrait s’enivrer d’eau claire.
Mais, comme ton mince honoraire
N’y suffit point, de tout côté,
À droite, à gauche et devant et derrière,
Tu tends la main ; à tes emprunts
De tes voisins nul ne peut se soustraire.
Ce ne sont pas des vins communs
Que demande ta soif : il te faut du massique,
De l’opimien pur et d’un cachet antique ;
Tu mets à sec nos plus riches celliers.
Crois-moi, Sextilius, avec tes trois deniers,
Si tu veux mettre au pair et dépense et recette,
Laisse là les bons vins, et bois l’aigre piquette
Que brassent les cabaretiers.

28 et 30 du XIIme LIVRE.

À PROCILLUS.

Hier au soir, après mainte et mainte rasade,
J’ai pu te dire : Camarade,
Demain je t’attends à souper.
Au sérieux traitant l’affaire,
Tu prends acte aussitôt d’un mot qu’à la légère
J’ai laissé peut-être échapper.
Eh quoi ! dans un accès de douce confiance,
De tendre épanchement qu’inspire un long festin,
Ne puis-je donc, le verre en main,
Me permettre une inconséquence