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PRÉFACE

s’est trop complaisamment étendu sur les diverses phases de sa vie pour qu’il y ait lieu de reprendre ab ovo sa biographie, et il suffira d’en rappeler ici les derniers traits.

Parti de Paris le 4 avril 1792, avec sa femme, ses trois enfants, une servante et un domestique[1], Marmontel s’arrêta d’abord à Saint-Germain, près d’Évreux, puis se fixa au hameau d’Abloville, où il acheta une maison de paysan et deux arpents de terre. Il ne semble pas d’ailleurs que, sauf pendant les quelques jours qu’il dut passer à Aubevoie pour fuir la maladie contagieuse à laquelle avait succombé le précepteur de ses enfants, il ait été inquiété ni dénoncé. Bien lui en prit toutefois, suivant Morellet, de n’être pas resté à Paris, car le commissaire qui arrêta Florian à Sceaux semblait tout disposé à lui donner pour compagnon de captivité le secrétaire perpétuel de l’Académie, dont il n’ignorait ni la fuite ni la résidence. Confiné dans une solitude prudente, Marmontel trouva un apaisement à ses alarmes et à ses regrets en écrivant de Nouveaux Contes moraux qui ne valaient pas les premiers, de petits traités de grammaire, de logique, de métaphysique et de morale, à l’usage de ses enfants, et enfin ses Mémoires, qui, si leur titre ne le disait expressément, ne semblaient pas avoir la même destination.

  1. Mémoires de Morellet (1821), I, 30.