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MÉMOIRES DE MARMONTEL

mon triomphe, toutes les mères du voisinage étoient instruites de sa joie ; nos bonnes religieuses en rendoient grâces au Ciel ; mon cher abbé Vaissière en étoit rayonnant de gloire. Le plus doux de mes souvenirs est encore celui du bonheur dont je faisois jouir ma mère ; mais autant j’avois de plaisir à l’instruire de mes succès, autant je prenois soin de lui dissimuler mes peines : car j’en éprouvois quelquefois d’assez vives pour l’affliger, s’il m’en fût échappé la plus légère plainte. Telle fut, en troisième, la querelle que je me fis avec le P. By[1], le préfet du collège, pour la bourrée d’Auvergne ; et tel fut le danger que je courus d’avoir le fouet, en seconde et en rhétorique, une fois pour avoir dicté une bonne amplification, une autre fois pour être allé voir la machine d’une horloge. Heureusement je me tirai de tous ces mauvais pas sans accident, et même avec un peu de gloire.

On sait quelle est à la cour des rois l’envieuse malignité que s’attirent les favoris ; il en est de même au collège. Les soins particuliers qu’avoit pris de moi mon régent de quatrième, et mon

  1. Le P. Claude-Alexandre By (et non Bis, comme on l’a imprimé jusqu’à ce jour), né à Mâcon le 28 juillet 1703, entré le 7 août 1721, préfet des études et prédicateur à Mauriac (1736-1738), était, en 1762, directeur des retraites à la maison professe de Toulouse.