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MÉMOIRES DE MARMONTEL

P. Bourzes[1], étoit l’un des hommes les plus versés dans la connoissance de la bonne latinité. Chargé de suivre et d’achever le travail du P. Vanière, dans son dictionnaire poétique latin[2], il avoit humblement demandé à faire en même temps la classe de cinquième dans ce petit collège des montagnes d’Auvergne. Il se prit d’intérêt pour moi, et m’invita à l’aller voir les matins des jours de congé. Vous croyez bien que je n’y manquois pas, et il avoit la bonté de donner à mon instruction quelquefois des heures entières. Hélas ! le seul office que je pouvois lui rendre étoit de lui servir la messe ; mais c’étoit un mérite à ses yeux, et voici pourquoi.

  1. Les anciens éditeurs ont tous imprimé à tort le P. Bourges. Jean Bourzes, dont la date et le lieu de naissance ne sont pas connus, entra dans l’ordre en 1695. Tour à tour professeur de physique à Aubenas (1711-1712), de philosophie à Tournon (1713-1717), préfet des études à Rodez (1717-1720), de nouveau professeur de philosophie à Perpignan (1720-1725), il tint, en effet, les classes de cinquième, de quatrième et de troisième à Mauriac (1729-1738) ; il mourut au grand séminaire d’Auch, en 1741, après avoir passé les deux dernières années de sa vie à Toulouse, où Marmontel dit, un peu plus bas, qu’il le revit « infirme et presque délaissé ».
  2. Le P. Jacques Vanière (1664-1739) n’est pas l’auteur du fameux Gradus ad Parnassum, dont la première édition, sous le titre de Epithetorum et synonymorum thesaurus, remonte à 1652, mais il y fit en 1722 des additions et corrections importantes. Voy. Barbier, Examen des dictionnaires historiques, v° Aler.