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XII
PRÉFACE

unes des remarques suggérées à Sainte-Beuve par la lecture de ces mêmes Mémoires, notamment sur la tendance de Marmontel à tout embellir, hommes et choses, d’un coloris « bienveillant et amolli », et à refaire, vaille que vaille, les discours tenus à lui ou par lui dans une circonstance mémorable.

Deux autres jugements dont il importe de tenir compte furent portés à la même date sur les Mémoires, mais tous deux, et pour cause, restèrent ignorés des contemporains : l’un est inédit, l’autre n’a vu le jour que dans les œuvres posthumes de son auteur.

Jacques-Henri Mister, retiré à Zurich, continuait pour quelques souscripteurs la correspondance littéraire dont Grimm lui avait, dès 1774, cédé la clientèle, et il demandait volontiers à ses amis de Paris de quoi alimenter sa gazette manuscrite. Mme de Vandeul, fille unique de Diderot, était du petit nombre de ses tributaires, et voici ce qu’elle lui répondait au sujet du livre que chacun s’arrachait[1]  :

J’ai lu les Mémoires de Marmontel ; le plaisir qu’ils m’ont fait a été de me reporter au temps de ma jeunesse, aux époques où j’ai vu et connu tous ceux dont il parle. Pour lui-même, il s’est

  1. J’ai copié ce fragment de lettre dans la partie restée inédite du manuscrit de la Correspondance littéraire, appartenant à la Bibliothèque Ducale de Gotha.