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LA RÉVOLUTION RUSSE

coûtaient de 50 à 100 roubles (100 à 200 fr.), les bottines de femme de 60 à 120 roubles, les souliers des femmes du peuple de 25 à 35 ; le prix des pymi (bottes de feutre que portent les paysans) avait triplé. Et ainsi de tout. Le bois de chauffage manquait, et cela dans un pays qui est le plus riche de l’Europe en forêts avec la Suède. Des gens mouraient de froid dans leur chambre sans feu. Même dans des maisons d’un loyer annuel de 2.500 ou 3.000 roubles, le thermomètre, pendant les grands froids, marquait 5 à 8 degrés seulement. La vie devenait de plus en plus intolérable chaque jour.


Pour ces raisons et d’autres encore, le gouvernement était haï et le mécontentement contre l’Empereur, qui conservait de tels hommes au pouvoir, commençait à sourdre. Chaque ministère semblait prendre à tâche d’aggraver la situation créée par son prédécesseur. À l’incapable Gorémykine, dont l’insuffisance rendit possibles un Miassayédoff et un Soukhomlinoff, avait succédé le germanophile Sturmer, qui faillit réussir à conclure une paix séparée avec l’Allemagne. Proto-