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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

situé juste en face de nous, stationnent en voile blanc devant leur porte, sous un drapeau de la Croix-Rouge dont la couleur, jadis blanche, accuse non pas vingt-neuf mois, mais vingt-neuf ans de guerre !… Elles ont l’air d’assister à une fête ou, mieux encore, de jouer à « coucou ! » ou à « cache-cache ». À chaque coup de fusil ou de revolver elles s’égaillent en riant, le voile flottant, puis réapparaissent. Elles attendent les autos révolutionnaires, leur font des signes au passage, et les voici qui se tassent dans l’un d’eux un instant arrêté devant l’hôpital ; puis, rieuses et folles, elles partent avec les soldats… Les malades se soigneront comme ils pourront aujourd’hui. Ce n’est pas tous les jours la révolution !…

L’aspect de la rue, le tir désordonné autour de nous, tout fait prévoir une journée plus terrible encore que la veille.


La caserne du 2e Équipage de la Baltique n’a pu résister aux autos blindés et s’est rendue ce matin. Il y a une cinquantaine de morts. Maintenant les rues sont pleines de matelots armés. On poursuit ou on recherche