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LA RÉVOLUTION RUSSE

rieur de la fenêtre du salon, a ouvert la fortitchka[1], passe la tête et regarde : les révolutionnaires attaquent la Caserne des Équipages de la Garde marine, située en angle sur le canal Catherine, à cent mètres à peine de notre maison. Une immense foule grouille sur le pont, le long du canal et dans les rues avoisinantes… Pendant un moment la fusillade redouble et, tout à coup, un hourrah formidable retentit…

Presque au même moment, un matelot, ami de Guiorgui, fait irruption dans la cuisine. Il est pâle, sans souffle. Il raconte la scène à laquelle il vient d’assister. Vers sept heures, les révolutionnaires se sont massés devant la caserne et ont parlementé avec les matelots. « Frères, rendez-vous, afin qu’il n’y ait pas de sang versé. » Ayant essuyé un refus, les révolutionnaires ont ouvert le feu. La résistance a été courte. Le hourrah ! que nous avons entendu est celui dont le peuple a salué la reddition. Trois officiers ont été tués. Maintenant, les révolutionnaires, suivis d’une foule qui s’accroît à chaque pas, vont

  1. Petite fenêtre pratiquée dans la grande pour aérer les appartements au temps des grands froids.